samedi 10 mai 2014

En route pour Copacabana


Comment écrire un nouvel article après les envolées lyriques du précédent ?
Comment poursuivre la route après le rêve réalisé du Machu Picchu ? 

La réponse nous vient tout naturellement : Rio nous attend !  La plage de Copacabana ! La coupe du monde au Maracana, la samba au pied du Pain de sucre, l'envie de retrouver Jojo, Teresa, Hervé, Mathieu et les amis brésiliens sur les plages, nous tirent tout de suite en avant.


Google map nous donne un itinéraire Nazca - Rio de Janeiro en 4.399 kilomètres. Bien sûr, nous ferons des détours mais cela nous semble bien peu par rapport aux 22.000 kilomètres déjà parcourus.
Nous en sommes au 2/3 du voyage, deux côtés du triangle ont été réalisés, il nous manque le troisième côté qui nous mènera du Pacifique à l'Atlantique, en passant par la traversée des Andes, de la Bolivie et du sud du Pantanal.

Avant de quitter définitivement Nazca le 30 avril, nous devons attendre une journée le dernier paquet de Michelle qui contient des tours Eiffel et des petits objets de la Réunion que nous souhaitons offrir aux personnes que nous rencontrons.
Du coup nous roulons jusqu'à l'oasis de Huacachina, près de la ville de Ica. Ce sera notre latitude la plus au Nord : 13 ° de latitude Sud, après cette étape le GPS indiquera cap plein Est !
On en a marre de ce désert dans le lequel nous vivons depuis plus de 5 semaines, mais autant aller jusqu'au bout de ce Sahara sud-américain ! 
Nous nous embarquons pour une sortie en buggy dans les dunes de sable : sensations fortes garanties ! 

Le chauffeur du buggy dévale les pentes à toute allure, prenant un malin plaisir à faire hurler de peur ses passagers. 

Heureusement nous descendons hilares les dunes en sandboard sur les pieds ou sur le ventre ! 

 Le 1 mai, nous retrouvons la route de la mort à flanc de falaise que nous redoutons, refaisons escale à Camana et bivouaquons pour changer à Puerto Inca, une jolie plage dans une crique du Pacifique.


Le 2 mai, le Grand Condor quitte enfin la Panaméricaine pour la Ruta 30 : nous montons à 2200 mètres jusqu' à Arequipa, la deuxième plus grande ville du Pérou. 
Comme nous n'aimons pas beaucoup circuler dans les villes, nous nous empressons de rejoindre le camping de l'hôtel Las Mercedes, lieu de rendez-vous des camping-caristes européens. 
Lorsque nous arrivons enfin (merci à Brigitte, notre GPS), nous découvrons un espace engazonné très sécurisé avec 5 autres véhicules, 1 français, 2 allemands, 1 suisse et 1 italien, mais malheureusement toujours aucune famille française !
Nous laissons le Grand Condor sur son gazon pour visiter à pied la superbe ciudad blanca : la cathédrale sur la Plaza de Armas, les ruelles animées, le marché traditionnel où nous prenons un excellent jus de fruit frais et surtout, le Musée Sanctuaire Andin. 


On y trouve la dépouille d'une jeune fille inca surnommée Juanita, découverte à 6000 mètres dans les neiges du volcan Ampato en 1995. Le froid l'a étonnamment bien conservée et nous sommes tous émus par son visage et son histoire (plus de détails dans la page de Delphée). Nous restons deux nuits à Arequipa pour nous acclimater à l'altitude et profitons du calme du camping pour finaliser la séquence 10 du CNED.


Puis le 4 mai, nous montons au sommet des Andes ! 
Le Grand Condor franchit le col de Juliaca à 4535 mètres et s'en tire comme un chef, nous sommes très fier de lui. Il fume un peu au démarrage par manque d'oxygène, mais ne nous lâche pas dans la montée : Reno avait en effet pris le soin de brancher un deuxième ventilateur pour refroidir le moteur.
Sur la route qui nous mène à l'altiplano, nous croisons quelques vigognes mais surtout beaucoup de troupeaux de lamas et d'alpagas, gardés par leur bergère en tenue traditionnelle : chapeau melon, jupe ample et châle rouge sur les épaules. Vivre à 4000 mètres d'altitude est une expérience physique très forte : au début nous souffrons de maux de tête et avons la sensation d'avoir les yeux qui sortent des orbites. Nous sommes essoufflés dès que nous faisons un effort. Alors nous mâchons ou nous buvons de la coca sans modération ! 

Les hautes altitudes font exploser l'encre des stylos, notre ballon de foot devient tout dur, l'eau arrive à ébullition très vite et le gaz butane brule très mal, heureusement nous avions pris le soin de remplir une bouteille avec du propane.
Côté santé, au bout de 2 jours de mastication et d'infusion, nous nous acclimatons enfin et avons la sensation d'avoir été acceptés par l'Altiplano et de faire partie à présent de ce monde haut perché.

Nous choisissons de dormir au pied des ruines de Sillustani, un site archéologique pré-inca, situé sur les rives du lac Umayo, près de Juliaca.
Il s'agit d'un site funéraire, constitué de tombes en forme de tours appelées « chullpas ». Ces dernières ont été bâties par le peuple Colla, qui sera conquis par les Incas au 15 ème siècle.


Il fait un froid glacial alors toute la famille s'équipe de pull en laine d'alpaga !

Une petite averse bienveillante nous accueille et lave notre camping car, cela faisait 5000 km et presque 2 mois que nous n'avions pas vu la pluie ! 

Le 5 mai nous évitons la ville de Puno qui ne nous attire pas du tout et nous nous dirigeons tout de suite vers la frontière avec la Bolivie, car un nom mythique nous attire : Copacabana ! 

Non, non, ce n'est pas encore la plage de Rio, c'est un lieu de culte catholique au bord du lac Titicaca, à 3800 mètres d'altitude.
Oui, le mythique lac Titicaca !
Premier chantage et première corruption des flics pour passer la frontière (5 euros), c'est bien une autre aventure qui commence.
Nous avons l'intuition que la Bolivie sera sans doute la grande surprise de ce voyage. Nous sommes rodés après 4 mois de route et prêts à rencontrer les situations les plus difficiles, les plus dépaysantes et sans doute les plus inoubliables.


Nous bivouaquons sur la plage de Copacabana avec des amis allemands, Jens et Christina, sous les eucalyptus et face au coucher de soleil sur le lac (pas de commentaires sur la différence de taille des véhicules allemands et français !!!)


Nous découvrons quelques aspects de la culture bolivienne dans cette petite ville tout proche de la frontière :
Tout d'abord en Bolivie, on peut faire baptiser sa voiture par le prêtre devant la cathédrale, ceci pour éviter les accidents ou les pannes en tout genre. Les gens décorent donc leur véhicule avec des colliers de fleurs et l'arrosent de cidre et de pétales.


En Bolivie, il semblerait aussi que l'hygiène dans les villes ne soit pas vraiment une priorité. Les rues sont souvent jonchées de détritus. Au marché, les viandes faisandent au soleil tandis que les plaquettes de beurre ramollissent sur les étals. Qu'importe, nous montons le chemin de Croix pour avoir une belle vue sur la ville.


Pour ce week-end de la Fiesta de la Cruz, hommes et femmes font abusivement la fête : boire beaucoup d'alcool (bière ou chicha) et écouter de la musique très forte. Toute une ribambelle de fidèles sont venus spécialement à Copacabana pour célébrer comme il se doit le calvaire de la sainte croix ! Nous sommes obligés de déplacer le Grand Condor, bien plus loin sur la costanera pour éviter la fanfare un peu bruyante.




Nous dénichons un petit coin de paradis au calme face au lac, avec juste le doux clapotis des vaguelettes qui se brisent sur le rivage. Entendre le bruit du ressac à cette altitude est assez magique, prendre un bateau sur les eaux transparentes à 3800 mètres l'est encore plus !


Le 7 mai, nous visitons en bateau l'Isla del Sol, ou serait né le dieu Soleil selon les Incas. Le bateau part de Copacabana à 8h30 du matin et nous récupère à 15h30. Cela nous laisse toute la journée pour randonner sur les sentiers à travers l'île.


Nous sommes charmés par les villages authentiques que nous traversons. Les champs en terrasse et le bleu profond du lac Titicaca nous fascinent mais moins que l'endurance encore renouvelée de nos marmailles, qui ne se plaignent jamais !

Nous passons notre dernière soirée en compagnie du couple allemand mais aussi de Rose, Anthony et de leurs deux garçons. Ce sont des Canadiens voyageant autour du monde que nous avions rencontrés à Cusco par l'intermédiaire de notre couchsurfeuse et que nous avons croisés par hasard dans une rue de Copacabana.

Nous partageons tous ensemble un excellent repas au restaurant et allons boire un dernier verre dans un bar musical. C'est sympa de profiter de la vie nocturne ! Habituellement avec les enfants, les soirées sont plutôt consacrées aux jeux ce société ( uno, bingo, lobo 77, etc...) ou à la lecture et nous nous couchons tôt.


L'ambiance détendue et les températures douces du lac Titicaca nous plaisent alors nous décidons de rester une journée de plus pour faire du foot, profiter du Wifi et ... 
attendre la vague inespérée de Copacabana ! 
Quoi ? On n'est pas à Rio ?

4 commentaires:

  1. J'ai tout de suite reconnu La Réunion dans le sac de coca! Surprenant, n'est-il pas?
    Quant au Camping car allemand.(!)...Pas de commentaires et moukatages comparé à votre beau et courageux Condor.

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  2. Renaud devient Brice de Nice à attendre le swell.....

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  3. Belles descriptions, vos articles sont intéressants et très agréables à lire.Qui a fait le superbe dessin du CONDOR. Je n'avais pas très
    bien regardé,pensant que c'était une photo ! mais non je reconnais vos personnages. C'est Delphée qui les a dessinés ...Si c'est Mahé
    il s'est inspiré de sa soeur !!! le camping-car est tellement bien dessiné aussi... Je vais sortir ce dessin du blog , l'imprimer et le mettre
    dans le classeur avec les autres dessins. Bravo,j'adore. Etrange mais cette idée de baptiser les camping-cars est excellente. C'est vrai
    sans eux, les voyages ne seraient pas les mêmes. Votre condor mérite d'être bichonné.
    biz et bonne route N@ni

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  4. Impressionnés par la bonne tenue de votre camping car dans le col à 4500m! Et après le mythique Machu Picchu, voici le non moins mythique lac Titicaca, avec ses allures de Méditerranée de haute montagne (brrr!). C'est toujours aussi beau. Dans le genre gag, on a bien aimé le face à face (politiquement symbolique?) entre le Grand Condor et cet énorme engin allemand directement issu des surplus de la Bundeswehr ;)

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