mardi 3 juin 2014

Histoires d'un pays plurinational


Le 18 mai nous quittons Uyuni avec beaucoup de nostalgie. Nous savons que nous ne reviendrons pas de sitôt vu l'isolement de cette région ! Nous sommes par contre très heureux de quitter ce froid glacial et d'entamer notre descente vers la plaine amazonienne qui s'étale en creux au milieu du continent sud américain. 
Nous reprenons l'une des plus belles routes que nous ayons faite durant ce voyage, la RN 1 entre Uyuni et Oruro, en passant par Potosi : 500 km de montagnes, de vallées et de plateaux entre 3400 mètres et 4300 mètres d'altitude.


Nous bivouaquons dans un lieu qui nous surprend totalement : alors que toute la région est aride, nous nous enfonçons dans une vallée fertile sur une jolie route pavée qui nous mène au petit village de Cayara. On se croirait en Toscane ! La rivière et sa cascade d'eau claire sont parfaites pour une petite balade dans la nature ! 


Pour la nuit, nous installons le Grand Condor dans la cour de l'hacienda Cayara. 


Le propriétaire Arturo nous accueille à bras ouverts car son grand père était un immigré français, major de l'Ecole Centrale, venu en Bolivie au début du siècle pour diriger les fameuses mines de Potosi.
Son aïeul a racheté cette propriété aux descendants de la noblesse espagnole qui s'étaient installés ici depuis la conquista en 1557. 
Dans cette maison du 16e siècle, ce que nous découvrons est tout à fait incroyable : un salon avec les portraits d'époque du roi et de la reine d'Espagne, des lustres en cristal de Venise, une salle à manger avec des meubles datant de 500 ans, une sala des armas avec des armures de conquistadores et des fusils de la révolution bolivienne, une bibliothèque contenant les premières impressions du dictionnaire Larousse, des oeuvres signées du poète Lamartine, la première Constitution de la République bolivienne datant de 1826, et même un drapeau de la Révolution française.
C'est avec une certaine émotion que nous le suivons dans les différentes pièces de son musée "unique en Amérique" selon lui, pour finir par la petite chapelle qui renferme les tombeaux de sa famille sous des dalles scellées au pied de l'autel aux colonnes en or massif.
Nous sommes tous secoués de ce plongeon dans l'histoire et la culture après plusieurs semaines de désert.


Le 20 mai en continuant notre descente vers l'Est, nous atteignons Cochabamba après 200 km d'une belle route 4 de haute montagne avec plusieurs cols. 

En montant à la statue du Christo de la Concordia, nous croyons halluciner : sommes nous déjà arrivés à Rio ??

Cochabamba est une ville très authentique, nous n'y croisons quasiment aucun gringo.  

Sans doute les touristes préfèrent-ils la ville de Sucre, plus … édulcorée ? 
Nous adorons particulièrement les vieux bus DODGE colorés, importés des USA pour servir de colectivos.


Nous y passons 4 jours à profiter de l'ambiance et à faire nos diverses courses : artisanat, pièces automobiles, autocollants pour le Grand Condor (une carte de l'Amérique latine avec notre parcours, il était temps), couturière pour renouveler nos housses de canapé (magnifique tissu andin rouge), et même recharge de notre bouteille de gaz. 


Cochabamba est sans doute la ville la moins chère de Bolivie et les marchés sont très bien achalandés. 

C'est aussi une ville universitaire, moderne et dynamique, regorgeant de bars et de restaurants. 

Nous mangeons donc midi et soir dehors : sublimes almuerzos ou divines pizzas pour seulement quelques euros. Vu les prix, nous nous offrons même un hôtel en centre ville tout près de la Plaza 14 de Setiembre.

C'est sur cette place que nous rencontrons Ramiro, un Bolivien quechua contacté via le site de couchsurfing.
Ramiro est un activiste qui défend les causes du peuple indien, fervent admirateur de Che Guevara et du Président Evo Morales. Son emblème est le drapeau indien arco iris.
Sur la place publique, nous le voyons réunir une cinquantaine de personnes et nous l'écoutons faire un véritable discours politique sur l'histoire de la Bolivie, depuis l'indépendance en 1825 jusqu'aux dernières élections en passant par le coup d'état des militaires en 1964. 
C'est sur cette même place dans cette ville de Cochabamba qu'au début des années 2000 de gigantesques manifestations populaires ont réclamé et obtenu les nationalisations de l'eau et du gaz.
Nous plongeons dans la dure réalité des boliviens, un peu gênés d'être là parmi eux, mais fascinés par leur Histoire. 
En pensant à Arturo rencontré deux jours plus tôt, nous ressentons alors toute la diversité de ce pays qui se définit lui même comme "plurinational".


Le 24 mai nous entamons enfin la dernière partie de notre descente des Andes. 
De Cochabamba à Villa Tunari, la Ruta 4 est en mauvais état : trous, camions, desvios, nous mettons 5 heures pour faire les 150 km. 
Quasiment tout au frein moteur entre le dernier col à 3700 mètres et la plaine amazonienne à 300 mètres d'altitude. 
En quelques heures, nous passons des neiges des sommets de Cochabamba à la jungle humide. 
Deux frontières géographiques nous marquent particulièrement. La première en abordant le grand cassé après le dernier plateau : d'un coup tout est vert, de la brume, de l'humidité et des arbres tropicaux ! La deuxième en arrivant en bas, d'un coup plus la moindre colline : d'un coup tout est plat, plat, plat. 
Les Andes ont disparu !
A nous la forêt et les animaux, enfin la jungle !

1 commentaire:

  1. Ah! Oui, en parlant de carte: l'autocollant sur le Grand Condor, c'est super, mais sur "Notre périple à la Carte", au bas du blog, votre voyage s'est arrêté à Chiloé: pour pouvoir suivre, il faut sortir l'Atlas... c'est fatigant ;)

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